L’aviation africaine, malgré une part encore modeste sur la scène mondiale (environ 3 % du trafic passagers selon l’IATA1), est en pleine croissance. D’après les estimations de l’IATA, la demande pourrait tripler d’ici 2040, portée par une classe moyenne émergente, l’urbanisation rapide et la volonté des gouvernements de renforcer les connexions intra-africaines. Dans ce contexte, l’adoption de bonnes pratiques est cruciale pour accompagner la montée en puissance du secteur et relever les défis liés aux infrastructures, à la sécurité, à la formation, et à la durabilité.
2. Modernisation des infrastructures et standards internationaux
2.1. Investissements dans les aéroports
La capacité d’accueil et la qualité des aéroports sont déterminantes pour la performance de l’aviation. Selon la Banque africaine de développement, l’Afrique investit chaque année près de 10 milliards de dollars dans ses infrastructures de transport2, dont une part croissante est dédiée à la modernisation des aéroports. Les objectifs clés sont :
Augmenter la capacité : agrandissement des terminaux, nouvelles pistes et zones de stationnement.
Améliorer la sécurité : installation de systèmes de contrôle automatisés, de radars plus performants et de systèmes de balisage conformes aux normes OACI.
Fluidifier le trafic : zones de taxiways optimisées, introduction de solutions numériques pour la gestion des flux de passagers (bornes d’enregistrement, contrôle automatisé des passeports, etc.).
Cas d’école :
L’aéroport international Bole d’Addis-Abeba (Éthiopie) a inauguré en 2019 un terminal ultramoderne, faisant passer sa capacité à 22 millions de passagers par an3. Son ambition est de devenir l’un des principaux hubs de correspondance en Afrique de l’Est.
L’aéroport international Blaise Diagne de Dakar (Sénégal), inauguré en 2017, mise sur des technologies de pointe (panneaux solaires, scanners 3D, gestion automatisée des bagages) pour optimiser son fonctionnement.
2.2. Conformité aux normes de l’OACI et de l’IATA
L’adhésion aux standards de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) et de l’Association internationale du transport aérien (IATA) est un gage de qualité et de fiabilité. Elle couvre un large spectre de domaines :
Sécurité et sûreté (contrôle des pistes, mesures antiterroristes, etc.)
Maintenance et navigabilité (inspection régulière des aéronefs)
Gestion des risques (politique de sécurité intégrée)
Les pays et les aéroports qui appliquent ces normes renforcent la confiance des compagnies étrangères, stimulant ainsi l’ouverture de nouvelles liaisons internationales. L’IATA, à travers son programme IOSA (IATA Operational Safety Audit), évalue et certifie régulièrement les compagnies aériennes, encourageant l’amélioration continue de leurs pratiques.
3. Priorité à la sécurité : la régulation et la supervision
3.1. Rôle des autorités nationales et régionales
La sécurité aérienne reste au cœur des bonnes pratiques. Les autorités de l’aviation civile (AAC) de chaque pays africain (comme la SACAA en Afrique du Sud ou la NCAA au Nigeria) sont chargées d’inspecter les compagnies aériennes, les aéroports et l’ensemble des acteurs du secteur. Elles délivrent notamment :
Les certificats d’exploitant aérien (AOC)
Les licences de vol
Les agréments de maintenance
Au niveau régional, la Commission Africaine de l’Aviation Civile (CAFAC) et d’autres organismes (comme l’AFRAA4) coopèrent avec l’OACI pour harmoniser les règles et partager les bonnes pratiques. Ces collaborations donnent lieu à des audits et des formations conjointes, indispensables pour élever le niveau de sécurité de l’ensemble du secteur.
3.2. Accord de Yamoussoukro et MUTAA
L’Accord de Yamoussoukro (1999) et le Marché Unique du Transport Aérien Africain (MUTAA), lancé en 2018, visent à libéraliser l’espace aérien africain. Au-delà de l’ouverture de nouvelles routes et de la concurrence accrue, cette libéralisation encourage les compagnies à se conformer à des standards de plus en plus exigeants en matière de sécurité et de qualité de service. Selon l’IATA, la mise en œuvre complète du MUTAA pourrait générer plus de 300 000 emplois et ajouter 4,2 milliards de dollars au PIB africain5, à condition que les bonnes pratiques de sécurité et de sûreté soient respectées.
L'aviation africaine est à un tournant décisif, avec des initiatives ambitieuses en matière de modernisation, de sécurité et de connectivité. En adoptant des bonnes pratiques et en renforçant les collaborations régionales, le secteur peut devenir un levier clé pour le développement économique et l'intégration du continent.
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