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La formation aéronautique en Afrique : pilier oublié ou levier stratégique ?

Introduction

Alors que l’aviation africaine poursuit sa croissance – poussée par la demande régionale, le tourisme, et la modernisation des infrastructures –, un maillon essentiel reste encore trop souvent sous-estimé : la formation des ressources humaines. Pilotes, contrôleurs aériens, techniciens, ingénieurs de maintenance ou encore personnels au sol… le besoin en compétences est immense, et l’offre locale de formation reste limitée et inégalement répartie.

Aujourd’hui, alors que plusieurs pays africains tentent de se positionner comme des hubs régionaux ou continentaux, la structuration d’un écosystème de formation solide devient un enjeu stratégique majeur.




1. Un déficit structurel de compétences

1.1. Une pénurie chronique de pilotes et techniciens

Selon l’IATA et Boeing, l’Afrique aura besoin de plus de 63 000 professionnels de l’aéronautique d’ici 2040, dont :

  • 19 000 pilotes commerciaux,

  • 21 000 techniciens de maintenance,

  • 23 000 membres d’équipage de cabine.

Or, la majorité des compagnies africaines dépendent encore largement de talents formés à l’étranger, notamment en Europe, aux États-Unis, ou au Moyen-Orient. Cela engendre :

  • Des coûts élevés de recrutement ou d’expatriation,

  • Un turnover important,

  • Une dépendance stratégique à l’extérieur.

1.2. Des centres de formation insuffisants

Sur les 54 pays africains, moins de 15 possèdent un centre de formation aéronautique agréé offrant des cursus complets pour pilotes, contrôleurs ou techniciens aéronautiques. La majorité de ces établissements sont concentrés dans :

  • L’Afrique du Sud,

  • L’Éthiopie (Ethiopian Aviation Academy),

  • Le Maroc (Académie de l’ONDA),

  • Le Nigeria,

  • Le Sénégal (École de l’air, récemment certifiée).



2. Des avancées prometteuses dans certains pays

2.1. Le Sénégal : montée en puissance de l’École de l’air

En mars 2025, l’École de l’Air du Sénégal a obtenu le statut d’Organisme de Formation Agréé (ATO), délivré par l’ANACIM. Cette certification permet désormais au pays :

  • De former ses propres pilotes de ligne et mécaniciens aéronautiques,

  • De réduire sa dépendance à la formation externe,

  • Et d’envisager à terme l’accueil d’élèves étrangers francophones, notamment d’Afrique de l’Ouest et centrale.

2.2. L’Éthiopie : un modèle continental

Avec plus de 2 000 étudiants formés chaque année, l’Ethiopian Aviation Academy, rattachée à Ethiopian Airlines, est un modèle d’autonomie. Dotée de simulateurs de vol, de hangars de maintenance pédagogiques, et d’un partenariat avec Boeing, elle forme des professionnels pour toute l’Afrique de l’Est.


L’avenir de l’aviation africaine ne repose pas uniquement sur les avions, les aéroports ou les lignes ouvertes. Il dépend avant tout des femmes et des hommes capables de piloter, entretenir, sécuriser, et gérer cette industrie complexe. Sans une stratégie claire de formation aéronautique, les ambitions de souveraineté et d’intégration du ciel africain resteront inachevées.



 
 
 

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